Lisboa e Tejo e Tudo

Face à un groupe d’artistes associés à une même forme d’expression et à une même nationalité, il est difficile de résister à la tentation de rechercher des traits identitaires communs. Bien qu’il s’agisse d’un exercice intéressant, il est certainement réducteur car il ne tient pas compte de nombreux autres facteurs et options de conditionnement, qui n’ont rien ou presque rien à voir avec les flux et les paysages de la culture contemporaine. Ceux qui suivent le chemin de la joaillerie contemporaine savent à quel point les écoles et, surtout, les professeurs (ou leur absence…) pèsent sur la biographie de certains artistes. De même, l’internationalisation soutenue par des bourses universitaires ou de recherche se traduit, à un moment donné, par des écoles ayant une forte présence internationale, encourageant des parcours avec une forte transversalité des moyens et des solutions, des techniques ou des expressions.
Les cinq artistes présentés dans cette exposition, dont la carrière est bien établie et dont la carrière internationale est pertinente, ont en commun le fait que leur formation a débuté au Portugal et s’est achevée pour la plupart à l’étranger, en Grande-Bretagne, en Hollande, en Allemagne, entre autres. En surmontant, donc, la tentation d’identifier un modèle créatif à saveur nationaliste, il est peut-être plus intéressant de se demander de quelle manière ces artistes – dont l’oeuvre nous parle, avant tout, d’une trajectoire créative individuelle – représentent pour nous l’ouverture de la bijouterie portugaise à de nouveaux modèles, à de nouvelles solutions, en la plaçant à une frontière, heureusement non inhibée, des processus de changement qui nous sont contemporains.