Verschlingen. Schmuck von Sophie Hanagarth

Des lèvres qui enserrent les doigts. Des dents qui mordent les poignets. Des baisers avec la langue, d’un acier sombre et dur. Les bijoux de Sophie Hanagarth échappent à l’univocité, ils sont marqués par le jeu des associations. L’artiste ne cherche pas à créer des bijoux qui soient considérés comme beaux ou décoratifs. Avec ses travaux, elle souhaite remettre en question les conventions, donner de l’espace à la force de l’ironie et être directe. Ses travaux font remonter à la surface ce qui est caché, rendent visible ce qui reste souvent invisible. Ainsi, French Kiss, Lipstick, Trap ou Family Jewels apportent de l’intimité dans des formes qui, dans leur abstraction, formulent des allusions érotiques et éveillent la curiosité des observateurs. Ce sont des œuvres qui n’ont pas seulement un effet visuel, mais aussi tactile. Alors que les Family Jewels en forme de testicules, faits de clous en acier ou de capsules, ne sont en aucun cas des caresses pour les mains, Lipstick, malgré sa forme plutôt opulente, épouse le doigt.
La dévoration est présente dans de nombreux travaux de Sophie Hanagarth. C’est particulièrement évident dans ORNAMENTAL or worms intimity. Comme s’ils voulaient se dévorer, leurs corps ne pouvant se détacher l’un de l’autre, leurs formes s’enroulent en un ornement. Elles illustrent la manière dont l’ambiguïté caractérise les bijoux de Hanagarth. Son œuvre ne sert pas la compréhension conventionnelle de ce qui est orné, et encore moins l’attente de métaux nobles. Ce sont les contrastes, l’humour, la provocation et le rapport des bijoux au corps qui imprègnent l’œuvre de Hanagarth. Lorsque, par exemple, des chaînes permettent des associations avec des fouets ou qu’une médaille apparaît comme une addition de petites crottes. Les sources d’inspiration de ses travaux parlent subtilement. Elles proviennent de la peinture, de l’art populaire, de l’iconographie et du langage, des objets religieux et magiques. Hanagarth formule une réflexion contemporaine sur le mysticisme, la foi, le désir et la sexualité. Ses œuvres interrogent ainsi la relation entre les bijoux et le corps, ainsi que la fonction du sentiment corporel, de la sensualité et de la matérialité.
Sophie Hanagarth travaille principalement avec de l’acier, un matériau auquel on attribue dureté, lourdeur et résistance. Elle joue avec ces attributions et leur oppose des formes douces et sinueuses. Le forgeage et le modelage constituent les bases de son processus de travail, pour lequel elle a besoin de peu d’équipement.
Citation de Malte Guttek, directeur de la Maison allemande de l’orfèvrerie de Hanau : « Avec Sophie Hanagarth, nous présentons une artiste française qui se distingue par son sens sensible de la rencontre entre la forme, le matériau et la narration. C’est avec humour et profondeur que Hanagarth aborde ses travaux, qui offrent une multitude d’espaces d’association. Avec Sophie Hanagarth, nous sommes heureux de présenter une artiste dont les œuvres éveillent la curiosité et touchent ».
Sophie Hanagarth est née en 1968 à Zurich (CH). Après sa formation d’orfèvre, elle a étudié à l’École Supérieure d’Arts Appliqués de Genève (CH) jusqu’en 1995. Depuis 2002, elle enseigne la bijouterie à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (FR) et travaille comme artiste dans son atelier à Paris (FR).
Son travail est représenté dans de nombreuses collections, notamment au CODA Museum Apeldoorn (NL), au Musée des Arts Décoratifs à Paris (FR), au Mint Museum of Craft and Design à Charlotte, Caroline du Nord (US), au Museum of Fine Arts à Housten, Texas (US), au Museum für Kunst und Gewerbe Hamburg (DE), au Schmuckmuseum Pforzheim (DE) et au Musée des Arts Décoratifs à Montréal (CAN). Sophie Hanagarth a reçu le Françoise van den Bosch Award en 2014 et le Herbert Hoffmann Preis en 2011.